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...et si les compulsions n'étaient qu’une affaire d'hormones ?


«C'est plus fort que moi... je ne peux pas m'en empêcher» voilà comment, la plupart du temps, débute un entretien pour des dépendances qu'elles soient d'ordre psychologique (boulimie, dépendance affective, compulsions aux jeux ou aux achats, auto-mutilations) ou dépendantes d'une substance (alcool, tabac, drogues, médicaments).



Pourquoi un individu s'adonne-t-il à une complusion ?


Quelque soit la compulsion, elle permet à l'individu d'oublier, ou de fuir pour un instant tout du moins, son présent qu'il soit d'ordre personnel, privé ou professionnel. «Lorsque je n'en peux vraiment plus, je sors fumer une cigarette» m'a dit un jour une patiente. Ces quelques minutes lui permettent de se déconnecter du monde réel et «de reprendre pied».



La substance ou le comportement compulsif est-il un choix arbitaire ?


Pourquoi un individu se dirige-t-il vers une substance ou un comportement compulsif plutôt qu'un(e) autre ? Ceci reste un mystère. Le schéma comportemental parental peut certaines fois jouer un rôle important, mais pas toujours. Des parents fumeurs peuvent avoir des enfants fumeurs mais ce n'est pas toujours le cas. Des parents ne souffrant d'aucunes addictions peuvent avoir des enfants qui se droguent, s'enivrent ... ou vice-versa.


Il serait plus judicieux d'incriminer l'environnement proche du 'compulsif débutant'. L'adolescence n'est-elle pas le premier moment où l'adulte en herbe doit s'affirmer, s'imposer dans un monde qui n'est pas encore le sien, pour faire partie d'un clan ou d'un groupe ?


Le mal-être généré par une affirmation de soi inexistante peut très vite s'accompagner de substances ou de comportements addictifs qui seront, telle une sangsue, accrochés à l'individu et lui permettront d'obtenir ce faux-semblant d'affirmation de soi.



Pourquoi une compulsion plutôt qu'une autre ?


Un individu peut, bien entendu, s'adonner à plusieurs dépendances afin de combler différents manques. Un individu peut fumer, s'enivrer, se droguer et avoir un comportement addictif aux jeux de hasard par exemple. Plus un individu à besoin de stimulus, plus son mal-être est important, cependant certaines addictions seront plus 'abordables' ou plus 'grisantes' que d'autres.

L'alcool


C'est bien connu l'alcool désinhibe et permet à un individu introverti de pouvoir 's'affirmer'... à sa manière.


Il peut devenir totalement irresponsable en conduisant une voiture ou en manipulant un appareillage professionnel où la maîtrise est de rigueur. Il est à noter qu'un accident mortel de la circulation sur trois est du à l'alcool.


Le tabac

Il donne quant à lui, l'illusion d'être plus fort, de faire partie d'un clan et ceci les cigarettiers l'ont bien compris et demandent aux publicitaires de créer des personnages en fonction de l'image qu'ils veulent bien transmettre.


Le cancer du poumon est actuellement la première cause de mortalité à travers le monde.



Les drogues

Qu'elles soient licites (médicaments prescrits) ou illicites (héroïne, cannabis, cocaïne, LSD, etc.) elles permettent à l'individu consommateur d'obtenir un ticket sens unique vers le paradis artificiel. L'atterrissage, quant à lui, se fait en chute libre et le résultat est assez périlleux voir totalement catastrophique. Les substances nécessaires à l'organisme n'étant plus produites par celui-ci mais apportées de l'extérieur, le dépendant/compulsif sera accros à ces substances pour pouvoir retrouver ces sensations.



Le jeu compulsif

Le joueur compulsif peut s'adonner à un ou à plusieurs jeux de hasard (loteries, cartes à gratter, jeux sur ordinateurs ou gameboy, courses de chevaux, machines à sous, jeux de cartes, la liste est non exhaustive.) où la victoire joue toujours un rôle d'excitant. La montée d'adrénaline sécrétée par l'organisme lors de l'attente du résultat (situation de stress) ou lors du combat (cyberjeux) est la sensation recherchée.

La dépendance alimentaire


Elle se caractérise par des périodes de pulsions incontrôlables vis-à-vis de la nourriture, suivies d'une réaction déclenchée par la peur de grossir, à l'origine de diverses pratiques néfastes: vomissements, diurétiques mettant à mal un organisme déjà affaibli par des régimes inadéquats.


Les personnes souffrant de ce trouble alimentaire parlent de 'remplir un vide' et durant ces moments de 'gavage' la personne dit tout oublier comme si ses problèmes n'existaient plus.



La dépendance affective


Un environnement familial déficient peut être à l'origine d'une dépendance affective. L'individu n'ayant pas eu de repères adaptés durant son enfance, lui ayant permis de façonner son identité afin d'obtenir une confiance et une estime de lui-même, peut engendrer un phénomène de dépendance affective à l'âge adulte.


Cette dépendance permet alors à l'individu de combler un vide intérieur. L'individu sécrétera au contact de l'être cher, un cocktail d'hormones de bien-être et de bonheur (que nous découvrirons plus bas) et ce stimulus sera associé à la présence de cet être cher (humain ou animal).


Le dépendant affectif en manque d'identité déviera rapidement ses propres besoins affectif vers l'autre, ceci afin d'éviter d'être seul et de souffrir de ce manque et par ce fait, se pliera au moindre désir de l’autre. Cela peut même aller jusqu’à devenir victime de manipulation et accepter l’inacceptable.



Et si tout ceci n'était qu'une affaire d'hormones ?


Lorsque le dépendant/compulsif ne peut pas s'adonner à sa dépendance/ compulsion, il va être en état de manque avec toute la panoplie de douleurs physiques et problèmes psychologiques qui les accompagnent ... les mêmes symptômes qu'un drogué en état de manque .... et nous y voilà....



Que ce passe-t-il dans le cerveau d'une personne qui souffre de dépendance ?


Regardons un peu ce qui se passe dans notre cerveau.... des milliers de choses me direz-vous... d'accord ! mais les hormones sont des sortes de messagers chimiques qui sont sécrétées par des glandes suite à un stimulus précis. Notre organisme en produit des centaines ayant pour chacune d'entre elles des effets bien définis.


Nous connaissons tous l'adrénaline, hormone du stress et de l'énergie générée pour faire face à un danger. La dopamine, quant à elle, aura un effet stimulant sur l'organisme, la lulibérine sera l'hormone de l'amour (et l'hormone coupe-faim !). Les endorphines sont, quant à elles, les hormones du plaisir et du bien-être. Libérées en forte quantité, les endorphines peuvent créer un réel sentiment d'euphorie. Les coureurs de fond parlent même d'extase car durant l'effort sa fabrication peut augmenter jusqu'à cinq fois.


Lorsque le taux d'une hormone baisse dans le sang, un stimulus est automatiquement envoyé au cerveau pour sa production. Si un stimulus spécifique a été programmé pour la production de cette hormone, l'individu devra générer ce même stimulus (fumer par exemple) afin d'obtenir sa fabrication sinon un état de manque apparaîtra avec tous les symptômes s'y attachant.



La théorie des réflexes conditionnés


Rappelons-nous la théorie des réflexes conditionnés, découverte par le chercheur russe Ivan Pavlov. Il fit l'expérience suivante : Pavlov était le seul à nourrir les chiens et ceux-ci se mettaient à saliver lorsqu'ils le voyaient lui et pas ses collègue. Il a eu alors l'idée d'actionner au même moment qu'ils les nourissaient une clochette. Quelques temps plus tard, rien qu'en actionnant cette même clochette mais sans présence de nourriture, les chiens salivaient.

Prenons maintenant l'exemple suivant : Une soirée entre amis où l'alcool coule à flot et où les cigarettes se consument au gré des rires et des dialogues; tout ceci produira une sécrétion d'hormone : les endorphines.


Comptons également l'apport supplémentaire d'hormones chimiques rajoutées dans la fabrication des cigarettes qui ont des structures moléculaires proches de celles des endorphines.


Le cerveau de ces individus associera donc plaisir et bien-être avec les substances présentes: alcool, tabac. Le cerveau va donc 'enregistrer' que pour son bien-être, ces substances devront être présentes pour déclencher le stimulus de fabrication. Et lorsque l'individu sera légèrement déprimé ou aura une baisse de moral, son cerveau qui aura associé plaisir et bien-être avec ces substances donnera l'ordre d'en consommer.... et le tour est joué.



Le retour de manivelle

Notre subconscient, telle la partie immergée de l'iceberg, est le lieu de notre esprit où plaisir rime avec facilité. L'individu à la recherche de sensations inexploitées, se laisse facilement emporter dans ce lieu magique du bien-être immédiat où l'interdit n'existe pas .... jusqu'au moment où....


Jusqu'au moment où le conscient de l'individu, responsable de la survie immédiate et voyant le danger qui le guette, revient à la charge avec ses principes de honte et de culpabilité. D'où la ritournelle : «Je suis nul, je sais ... mais c'était plus fort que moi».






Le rôle du thérapeute pratiquant l'hypnose thérapeutique


Le rôle du thérapeute sera de reconnaître, dans le dialogue du patient 'qui est-ce qui parle' ? Son conscient ou son subconscient ? Le conscient tout à fait conscient de la faute commise, se dévalorisera, s'accusera, promettra de ne plus recommencer. Le subconscient, lui, n'aura de cesse de mentir quant à la faute commise, trouvera des excuses et essaiera sûrement de manipuler son interlocuteur pour tenter d'échapper à la sentence d'arrêt du comportement fautif ou de la substance incriminée.

Il est important de noter qu'une dépression peut survenir si l'individu ne résout pas ce problème à la base, car tiraillé par un subconscient en manque d'identité ou d'excitations et un conscient réprimant ces actes, l'individu risque de craquer et une forte dépression peut en résulter.


Toute dépendance/compulsion confondue, la souffrance ressentie est réelle. L'individu se sent totalement dépossédé de tout contrôle de sa vie et son problème compulsif peut très vite devenir un sérieux problème de santé et également un problème financier. Certains se sont ruinés dans les casinos, d'autres ont perdus leur santé, voir leur vie.



Peut-on simplement enlever une complusion ?


Non ! C'est comme si vous voyez quelqu'un qui ne sait pas nager et qui s'accroche désespérément à une bouée. Vouloir la lui enlever sans lui apprendre auparavant à nager, amènera inévitablement à un échec. Soit il continuera à s'agripper désespérément à cette même bouée, soit il l'attrapera à nouveau dès qu'il en aura l'occasion, ou encore il s'accrochera à une autre bouée : «La dernière fois que j'ai arrêté de fumer, j'ai pris 10 kilos. Depuis j'ai recommencé à fumer.... et j'ai toujours mes 10 kilos !».


Face à une constellation de symptômes, on se dit bien évidemment qu'il est nécessaire de se pencher sur l'origine des troubles et cette origine, on le sait, est propre à chaque individu. Chaque patient a une histoire, des carences affectives, des traumas, des relations avec ses parents qui lui sont propres


Le but et l'intérêt thérapeutique sera donc d'aller rechercher, par le biais de l'hypnose, l'origine de tout comportement compulsif.


Dans cette optique, cette technique permettra de clarifier une situation, de faire remonter au conscient des informations refoulées. Elle peut aider l'individu à reconstruire un puzzle jamais terminé. Elle peut également lui permettre de comprendre comment s'est installé et organisé le trouble dont il souffre. Lui faire comprendre aussi que ce trouble n'est qu'une "expression" et que, lorsque l'on se reconnecte à l'origine d'un symptôme, celui-ci perd sa raison d'être.


Cette recherche sera 'uniciste' telle l'homéopathie uniciste qui recherche le remède unique, la recherche de la solution thérapeutique sera, elle aussi, unique. Il n'y a pas deux patients semblables, il n'y aura donc jamais deux séances semblables.




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