Phobies : quand la peur gâche la vie
Les phobies sont des peurs caractérisées par une angoisse extrême ressentie par le sujet lorsqu’il se trouve en présence de certains objets ou dans certains lieux. Les symptômes sont formés afin d’éviter une situation de danger signalée par l’angoisse. C'est une forme pathologique de l’anxiété.
Dès notre plus jeune âge, la peur fait partie intégrante de notre vie. La peur du noir, de certains animaux ou des inconnus est normale et souvent nécessaire. Elle permet de prendre conscience des dangers et sert de sonnette d’alarme indispensable à la survie. Tout au long de notre vie, nous apprenons à la gérer et à la surmonter.
Mais lorsque la peur devient incontrôlable et maladive, lorsqu'elle handicape la vie quotidienne, on parle de phobie.
Répertorisation des phobies
L’association psychiatrique américaine recense 6'456 phobies distinctes aves les phobies les plus courantes comme :
- l'aérodromophobie : peur des avions
- l’arachnophobie (peur des araignées),
- l'agoraphobie (peur des espaces)
- la claustrophobie (peur des espaces clos)
D'autres plus rares sont tout aussi diverses que surprenantes. En effet, si l'image ci-contre d'un lutin déguisé en nain de jardin tenant une boîte de camembert vous fait peur, c'est que vous souffrez sûrement de : korriganophobie (peur des lutins), de nanopabulophobie (peur des nains de jardin) et de Pittaciocapsulacaseusnormandiphobie (peur des étiquettes de boites de camembert).
Vous risquez donc d'être korrigano-nanopabulo-pittacio-capsula-caseusmormandiphobe !
Peurs irrationnelles
Les personnes qui y sont sujettes savent que ces peurs sont irrationnelles mais ne peuvent s’empêcher de ressentir une extrême anxiété pouvant aller jusqu’à la panique.
Les phobies ne sont pas seulement des peurs d’un objet ou d’une situation. Ce sont surtout des peurs irrationnelles, non justifiées ou démesurées par rapport à leur cause.
Les phobiques sociaux tendent à se dévaloriser et à sur-valoriser les autres. Ils rougissent facilement, ont l’impression que tous les regards sont tournés uniquement vers eux. Leur peur principale se concentre sur telle ou telle situation.
Parler en public, parler à ses supérieurs, faire la cour… Dans de nombreux cas, ce handicap les conduit à limiter drastiquement leurs relations et leur vie sociale, à l’exception de quelques amis ou parents très proches.
La phobie est différente de la timidité. Les timides peuvent aussi souffrir de leur caractère mais ils ne ressentent pas de signes d’anxiété ou de panique lorsqu’ils se trouvent dans une situation gênante.
Ils ne cherchent pas obligatoirement à les éviter à tout prix.
Phobies simples
Comme toutes les phobies, les phobies simples sont des peurs sans fondement objectif mais, le plus souvent, non handicapantes dans la vie quotidienne (peur des serpents, lieux clos, obscurité, vide…).
La phobie des animaux (zoophobie) est l’une des plus répandues. Elle touche en majorité les femmes.
Tous les animaux sont concernés mais certains plus que d’autres :
serpents (ophiophobie),
insectes (acarophobie),
souris (musophobie),
oiseaux (ornitophobie) et bien sûr les
araignées (arachnophobie).
Souvent, ce n’est pas l’animal lui-même mais une caractéristique particulière sur laquelle la peur se focalise : mouvement, son, contact... Mais au-delà de ces peurs irraisonnées, la phobie est souvent aussi due à une exagération ou surévaluation d’un risque existant : attaque, morsure ou piqûre...
Ces troubles ne sont considérés comme pathologiques que s’ils provoquent une altération de la qualité de la vie ou une souffrance. La peur des piqures ou du sang ne peuvent être évitées lorsque le cas survient.
Les phobiques vivent avec, en adoptant des comportements d’évitement (restriction de voyages, escalier plutôt qu’ascenseur, veilleuse permanente à la maison, etc.).
Selon le DSM IV-tr (Manuel de diagnostic et statistiques des maladies mentales) environ 7 % de la population souffrirait d'une phobie.
Phobie sociale
Comparé à des phobies extrêmement rares telles que la 'nanopabulophobie (peur des nains de jardin à brouette) les phobies sociales, telles que l’agoraphobie (peur des grands espaces) et la claustrophobie (peur des endroits fermés) sont les plus gênantes dans la vie courante.
La phobie sociale est caractérisée par une peur irrationnelle des situations en public (peur de parler, de rougir, de trembler ou de bégayer). C’est la peur du jugement d’autrui, elle est souvent mêlée au sentiment de ne rien valoir, à une mauvaise estime de soi-même.
L’agoraphobie (peur des espaces découverts ou trop peuplés, peur d’être loin de chez soi et d’avoir un malaise ou une crise de panique) empêche la personne souffrant de ce mal, de vivre, de sortir et de communiquer. Elle doit, la plupart du temps, être accompagnée par un proche ou un parent durant leurs sorties.
L'aérodromophobie, plus communément connue comme peur des avions, peut également s'avérer extrêmement contraignantes et pénibles pour les personnes devant voyager.
Toutes ces phobies peuvent conduire, faute de traitement adapté, à un isolement social, à une dépression, ou encore amener celui qui en souffre à des comportements «d’autothérapie» dangereux (consommation excessive d’alcool ou de tranquillisants pour fuir la peur) qui peuvent entraîner un état de dépendance du malade.
Toujours selon le DSM IV-tr, les phobies sociales toucheraient environ 15% de la population.
Une forme particulière de phobie : le TOC
Contrairement à la personne phobique "ordinaire" qui a peur face à un danger ponctuel, la personne qui souffre de TOC (trouble obsessionnel du comportement ou trouble obsessionnel compulsif) est obsédée, constamment et par anticipation.
Rien qu'à la simple "idée" devant faire face à certaines situations insupportables (être sale, ne pas être en sécurité…) la personne souffrant de TOC multiplie des gestes rituels répétitifs pour calmer son angoisse.
Ces obsessions s’imposent au malade contre sa volonté, même s’il les trouve absurdes. Selon le DSM-IV-tr, 2 à 3 % de la population en souffriraient et 15 % de ces TOC sont associés des attaques de panique.
Des causes multiples
L’origine des phobies est très variable. Elles peuvent être liées à des événements traumatisants venant souvent de l’enfance ou de l’adolescence ou des situations de peur intense qui n’ont pu être dépassées. Les phobies sociales, par exemple, peuvent être liées à des situations vécues par le passé telle une prise de parole en public qui s’est mal passée.
Les craintes peuvent également s’être installées progressivement avec des causes multiples qu’il est parfois difficile à déterminer.
Quel est le traitement ?
Pour la plupart des phobies, l'hypnose thérapeutique se prête très bien à ces types de problèmes car elle permet au subconscient du patient, de déprogrammer sa peur irrationnelle, en l’aidant à faire la différence entre le référent (l’ascenseur par exemple) le signifié (la pensée exprimée vis-à-vis de l’objet ou la situation, dans cet exemple, le sentiment de manquer d’air, de ne pouvoir sortir seul d’une situation), et le signifiant (la pensée symbolique subconsciente du patient, dans cet exemple, l'impossibilité de bouger, d’exprimer ses émotions) et bien sur le vécu du patient : une mère étouffante et/ou castratrice.
Malheureusement certaines phobies peuvent rester bien ancrées dans l’esprit du patient, représentant, pour son subconscient, un bouclier contre un danger imminent. Enlever ce bouclier, équivaudrait à le mettre en péril.
Contre-indications
Affections mentales caractérisées par de sévères altérations de la personnalité : psychoses, schizophrénies et arriération mentale et, bien sur, quand le bon sens le requiert.
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